Combien sont-ils
Les vagabonds immobiles
Dans leur bulle de noctambule
À s’allonger de tout leur long
Face au sommeil qui prend le large ?
Leurs yeux sont fixes et ronds
Comme des pistes d’alunissage
Et servent de télescopes géants
Tout droit dirigés vers le néant
Ils seraient presque daltoniens
Sauf qu’ils ne confondent pas les couleurs
Eux voient partout la même lueur
Sous les soleils de plomb
Dans les soirs de fusain
Sous les super lunes roses ou les cieux orphelins
Pour eux la nuit n’est qu’une césure consentie
Un temps d’absorption de vie
Une mise en veille inversée
D’où leur sommeil s’est évadé
Un berceau créatif
Un brasier dépressif
Où le manque est phosphorescent
Où les regrets sont plus violents
Où tout le mal que leur âme avale
Tournoie en aurores australes
Aux plafonds de leur prostration
Ils vivent des nuits défouloirs
Des nuits incendiaires
Des nuits pyromanes
Pour eux, Minuit est un organe
Une poche du noir* qui leur déverse
Encre, pleurs, autres fluides en averses
Quand un demi-monde s’ensommeille
Dans l’ombre portée du soleil
Lorsque chaque âme dans son lit
Est comme une île engloutie
Sous leur drap, leur plexus solaire
Déploie ses panneaux voltaïques
Et toute leur histoire reprend chair
Sous forme de dragons maléfiques
Et soudain elles voltigent leurs pensées
Comme des particules de fumée
Leur sommeil laissé en offrande
Leur laisse un amer goût de cendres
La nuit dénude, désépaissit
La nuit pose sans les reposer
La nuit est rude et les saisit
Dans leur confort ankylosé
Tout l’hémisphère entre en dormance
Mais eux osent entrer dans la danse
De muses qui dévoilent sous la lune
Comment y décrocher la plume
*Organe permettant à nombre de céphalopodes d’expulser l’encre en petits jets
Illustration: Jorm S
Magnifique, continue vraiment tu as du talent 🙂 hésites pas à venir faire un tour sur mon site Intel-blog.fr et à t’abonner si ça te plaît 😀
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